TAKK-DER

QUELQUES ASPECTS DE LA CULTURE BAYE-FALL


LE "MAJJAAL"



Le mot en soi vient du terme arabe "jahaba" qui signifie tournoyer.
IL désigne généralement la mendicité organisée. Chez les Baye Fall, il prend une forme et un sens particulier. Le "majjaal" fait partie des vertues premières du mouridisme. On peut ajouter qu' il est l' essence même de cette doctrine. Des témoignages concordants permettent d' affirmer que Cheikh Ibra a institué le majjaal. Il devint ainsi une sorte d'école de formation pour les nouveaux convertis de la religion musulmane; en particulier ce pan de l' aristocratie de l'époque reversée dans le mouridisme.
Philosophiquement, ce phénomène s'exprime en ces termes: "travailler pour donner au marabout (guide spirituel) sous forme de zakat (don pieu), puis mendier pour se nourrir." Dés l' instant où le disciple fait sienne cette vertu, il devient humble or, l' humilité est la première vertu d'un croyant.
Il est ensuite un facteur de discipline et de cohésion au sein de la confrérie, puisque les disciples qui demandent la charité pour se nourrir sont amenés à respecter leur prochain...


LE GOURDIN


Le port du gourdin résulte d'une accomodation aux différentes mesures répressives imposées par la puissance coloniale française. au début du mouridisme, les disciples regroupés autour de Serigne Touba (Cheikh A. bamba) travaillaient dans la forêt aux alentours de Touba. Pour débroussailler, les talibés (disciples) se servaient de haches ou de machettes; armes blanches qui leur servaient aussi à se défendre contre les fauves. Pour cette raison, l' administration coloniale nourissait beaucoup de suspicion à l'égard de ces derniers, qu' elle reprochait de vouloir monter une rebellion armée.
De ce fait, les disciples étaient sommés à ne plus se promener avec des armes blanches en dehors des heures de travail en forêt.
Pour éviter les démêlées avec l' administration, les disciples mourides se conformèrent aux nouvelles dispositions réglementaires; ils utilisèrent le gourdin à la place des armes blanches, pour leur protection...


LES LOCKS


Selon Serigne Modou Ami Fall, les premiers disciples adoptaient ce "look", afin que les gens les prenant pour des fous, ne s'interessent pas outre mesure à leurs affaires...De la sorte ils pouvaient servir Dieu en toute tranquilité...
On a retenu de Mame Cheikh Ibra Fall, qu' au moment où il devait entamer sa mission, beaucoup de saints lui sont apparus en lui demandant comme contribution à sa tâche, qu' il garde une trace de leur passage sur terre en prenant un de leurs attributs. Les longs cheveux lui viendraient donc du Cheikh Abd' Al Khadre Jîlâni (fondateur de la confrérie khâdriyya).


LE" NJAKHASS"


Dans la même logique que précedemment, les fameux habits en "patchwork" des Baye Fall leur viennent du prophète "Dzul keffli" qui
s' habillait de la sorte. Le njakhass se caractérise par le fait qu' il est un habit composé de plusieurs morceaux ou pièces de tissu cousus ensemble, et qui lui confèrent cet aspect tés particulier.
En dehors du fait que c' est fort à la mode de nos jours, cet habit symbolise l'état de pauvreté spirituel du disciple et son humilité. Il renfermerait même certaines vertues mystiques dont celles de prémunir contre certaines calamités et de guérir certaines maladies.

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